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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/171

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ment modulée redit à mon oreille les sons enchanteurs de sa voix.

« — Eh bien ! s’écria-t-elle, je n’agiterai point en vain ma crécelle ; Croisé chéri de Dieu et de la victoire : au nom de ce Dieu qui nous éprouve, donne-moi pour me délivrer de mes maux !

» — Lépreuse, je n’ai trouvé personne sur ma route ; je n’ai ni boisson ni alimens à t’offrir.

» — La charité ne m’a point épargné de semblables dons, et j’en fais peu de cas ; ma lèpre n’en peut être guérie. — Moi, je meurs de fatigue et d’inanition ; ce que tu dédaignes, me rendrait la vie ; ta funeste présence m’interdit de puiser dans cette mare, creusée par la nature pour les besoins de tous.

« — Glorieux pélerin, ces alimens sont purs ; j’en laisse toujours ainsi près de ma porte sans y toucher, pour le voyageur malheureux. Donner est si