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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/172

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doux ! je veux donner aussi ; je veux goûter la douceur d’être utile. Si le ciel peut être apaisé, ne l’apaiserai-je point par le bien que je ferai ? Prends donc et mange sans crainte. Vois derrière cette monticule une source d’eau vive ; je laisse l’eau la plus pure aux voyageurs. Pélerins, nobles et vilains, je vous demande des secours et ne vous impose point ma misère. »

Florestan, rassuré, se saisit des alimens, les dévora et reprit courage. Tandis qu’il mangeait, la lépreuse, debout sur le seuil de sa hutte, le regardait en pleurant. Le sourire du plaisir semblait aussi vouloir quelquefois se faire passage sur ses lèvres livides ; la douleur le repoussait. Alors les larmes coulaient avec plus d’abondance ; sa main agitait avec force l’effrayante tartavelle, et sa voix répétait :

« Croisé victorieux, noble pélerin,