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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/176

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tiendra-t-il contre le spectacle de l’innocence affligée et suppliante ! Nous sommes trois ; prions, mon frère : mon fils, dit-elle au lépreux, nous sommes tous les trois rassemblés au nom du Sauveur du monde ; notre bouche va l’implorer. Pour toi, dont la langue ne peut exprimer encore le malheur, tes yeux seront plus éloquens que notre voix ; pleure, mon fils, ce sera ta prière ! »

Elle pleurait elle-même, le pélerin, à cet aspect hideux, mais touchant, pleurait aussi ; ce furent les premières larmes versées par ce guerrier terrible ; et tous les deux, baignés de cette preuve de la faiblesse humaine et du néant de ce monde, invoquèrent, d’abord en silence, le maître de l’univers ; Florestan, appuyé sur son bâton blanc, et la lépreuse une main suspendue sur son fils, comme pour le bénir et le désigner à la bonté céleste.

Elle rompit le silence. « Mon frère,