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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/195

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chevaux, tous ensemble, fondirent sur la contrée, et firent la chasse au vilain.

Cependant l’insurrection ne s’arrêta point ; les laboureurs, contraints à fuir avec leurs familles, de leurs champs dévastés, se répandirent au loin ; leurs cris appelèrent des vengeurs, il s’en présenta ; le nombre suppléa aux armes ; ils rendirent crimes pour crimes ; ils attaquèrent les châteaux, les forcèrent, les démolirent ou les brûlèrent, égorgèrent les valets et les seigneurs : et le cri de l’indépendance ; cri trop prématuré, qui ne pouvait être et ne sera, de long-temps encore, que celui du désordre, de la désolation et de la mort ; épouvanta les tyrans, et même leurs vainqueurs.

Battus partout, les seigneurs parlèrent de paix. Ils jurèrent de ne plus recommencer le pillage ; mais, en feignant de poser les armes, les maîtres ne cherchaient qu’à dissoudre la ligue des esclaves et à les désarmer.