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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/198

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viendront que leurs prétendus droits ne sont que des devoirs : car le droit de régner, par exemple, est l’obligation de faire régner la justice et la loi.

Je vis trop d’obstacles au projet extravagant de chasser de ma patrie la tyrannie et l’oppression. Un peuple barbare ne peut être libre ; il est opprimé s’il n’opprime. Je crus devoir épargner le sang ; les grands ont au moins la possession en leur faveur. En s’éclairant, ils deviendront moins cruels, les beaux-arts seront plus puissans que les armes ; ils formeront la raison humaine, et la raison détrônera les tyrans. Je le crois, et je l’espère.

Je voulus essayer le pouvoir des arts et des lettres sur des maîtres barbares ; j’avais lu que les chants d’un poëte avaient attendri des tigres, et que la colombe avait un moment pu se reposer sans crainte sur l’arbre où le vautour oubliait la puissance de son ongle cruel.