Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/23

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Cependant, mes chères sœurs, continua-t-il en essuyant ses larmes, mettons à profit ce temps de jubilation et de Jubilé ; hâtons-nous de jouir, avec innocence, des plaisirs jadis criminels, afin d’en être détrompés ou dégoûtés, quand les indulgences, nous étant retirées, nous ne pourrions plus en jouir saintement.

Il dit, et personne ne répondit.

Après un long silence, l’Iman prit la parole. — Cette théologie est bonne. Ma religion m’obligeait à je ne sais combien d’ablutions, de prières, de grimaces ; je ne pouvais, sans pécher, m’introduire dans le sérail du voisin, et je n’étais pas assez riche pour en avoir un à moi. Le cadi pouvait me faire donner la bastonnade ; le sultan, le visir, le pacha, le bey, les icoglans même, étaient mes seigneurs et maîtres ; et, dans cette religion-ci, j’ai du vin, de l’argent ; je trouve des nonnes affables, et n’ai de maître que le saint-père, qui est à Rome,