Aller au contenu

Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 20 )

et la sainte-mère, qui est je ne sais où ; je suis au-dessus des lois ; je passe une douce vie ; et, pourvu que je croie ce qu’il faut croire (et pourquoi ne le croirais-je pas, puisque tout croire me donne le droit de tout faire), je m’en vais en Paradis. C’est décidé ; je suis des vôtres ; je me fais moine avant d’être chrétien. — C’est le principal, répondit l’abbesse ; la foi vous viendra. — Je croirai tout, ajouta le néophyte ; je suis accoutumé à me défier de ma raison. Nous avons dans notre pays des mystères ; nous avons des articles de foi comme vous. — Est-il possible, cher Sarrazin ? — Oui, ma sœur ; par exemple : je vois qu’ici, comme chez nous, les femmes n’entrent pas dans le Paradis ; les houris seules y sont admises ; et les nonnes, du moins celles d’Antioche, ne sont pas des houris. — Vous blasphêmez, Sarrazin abominable ! répliqua l’abbesse irritée. On nous mettra sur la tête une