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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/239

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sère, voulut chanter un alleluia, et faire un saut d’allégresse ; mais il retomba lourdement sur son lit, en poussant des cris déchirans. Il y eut bientôt, dans toute la salle, des pleurs et des grincemens de dents. Les paroles du moine avaient irrité les infidèles ; les malades qui en eurent la force (les autres se contentèrent de vomir des injures), se levèrent de leurs lits, nus, en chemise, entortillés dans les draps, et se jetèrent sur le moine, dont la grande âme et le faible corps firent également tête à l’orage ; l’une, en inspirant au théologien les plus sublimes imprécations contre les ennemis de la foi orthodoxe ; l’autre, en recevant, sans en être fracturé, tous les coups dont les Sarrazins l’accablaient : il était là, invectivant contre les hérésies et les hérétiques, et couvert de meubles jetés sur lui, comme ce géant de la fable, dont la bouche terrible lance des flammes à travers les mon-