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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/50

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vanouissent devant elle ; tout ce qu’il aima rentre dans l’ombre quand l’amour s’est montré, comme les astres nombreux devant l’unique flambeau du jour ; il s’élance, il paraît… et leur retire la lumière dont il les fit briller loin de lui. Seul, il remplit l’espace ; seul, l’amour véritable occupe tout le cœur de l’homme. L’Arabe aime Laurette, et ne sait plus que l’aimer ; ses regrets, ses espérances, ses plaisirs, sa douleur, tout est amour ; ses paroles et son silence, tout est amour, langage d’amour.

D’abord, il disait ses contes pour charmer l’ennui du voyage ; la joie et l’attention de la jeune chrétienne l’engagèrent à multiplier ses récits. Il fut reconnaissant du plaisir qu’elle prenait à l’entendre. Sa pensée s’occupa d’elle, et son infortune le toucha ; ses malheurs lui montrèrent sa beauté. Sainte inspiration d’une âme grande et vertueuse !… Il ne vint point à son