Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/55

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dit, et s’éloigna, le menaçant du dard et du glaive.

Les Africains persuadèrent à Laurette qu’il était en avant, selon sa coutume ; elle les suivit : il ne vint point. Ne doutant plus de sa mort, elle n’eût pas consenti plus long-temps à traîner dans ces sauvages contrées sa déplorable existence ; mais elle était mère, pouvait-elle se soustraire à l’obligation de souffrir et de vivre ! Combien ses maux s’étaient accrus depuis son départ du sérail, et par l’effet même d’un bonheur imaginaire qui semblait devoir les dissiper à jamais ! Elle pouvait, avant d’aimer, soutenir le poids de son infortune ; elle aime… tout change et s’embellit. Plus tard, tout change encore : l’infortune, absente un moment, reparaît sous des traits plus affreux. Laurette, détrompée, retrouve au-delà de son malheur, et cherche en vain pour le supporter sa force évanouie. Sa misère lui parut sans