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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 2.djvu/54

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et fatigue du présent ; la vie entière est une déception. Levez les yeux ! la vérité, ainsi que le bonheur, est au Ciel ; sur la terre, où votre âme est comme exilée ; tout est erreur, folie et misère.

Les deux Africains aimaient aussi Laurette. Sa préférence pour leur compagnon ne put leur échapper. La route de l’amour est toute lumière et il se croit dans les ténèbres. Imprudent ! ou souffle ta torche, ou jette ton bandeau.

Ne pouvant l’emporter sur leur rival, ils résolurent son trépas. Un des deux Africains, moins cruel, s’empara des armes de l’Arabe, et lui dit : Prends ces provisions et suis-moi. L’Arabe le suivit. Arrivés dans des lieux écartés : Fuis, ajouta le Maure ; mon camarade avait juré ta mort, je te donne la vie ; fuis les regards de la sultane et les miens. Retourne si tu veux auprès d’Abenzaïd ; il ne nous verra plus, et puisses-tu pour ton bonheur ne nous revoir jamais. Il