Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/104

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ne nous révèle le grand homme des générations anciennes ; et pourtant, croirez-vous qu’il n’est point de héros parmi ces mille générations ? Il en est, sans doute ; eh bien, la poussière et le silence, voilà la gloire !

Me direz-vous, l’homme naît pour aimer ; qu’est-ce que l’amour ?… Hélas ! moins que la gloire. L’on applaudit au héros, personne ne loue un amant ; le héros se complaît toujours dans ses exploits ; l’amant dédaigne ce qu’il aima, il est trompé par ce qu’il aime, il fuit l’objet qui le cherche, et court après celui qui le fuit ; et quand il examine enfin les objets de ses dédains ou de sa tendresse, il s’aperçoit que leur mérite ou leurs défauts étaient dans sa pensée, il est étonné lui même d’avoir aimé. Dites-le-moi, qu’est-ce donc que l’amour ?

L’homme serait-il né pour aller, venir, boire et manger ; noble et grande