Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/112

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vous dévore : oui, périssent les infidèles !… je me soumets à la volonté du ciel ; mais, fait aux combats à découvert, mon bras s’étonne de frapper, dans l’ombre, un homme sans défense. Je sais que Gabrielle, transportée par un ange, est venue auprès de moi, elle m’a commandé d’exterminer ce vieillard qui m’appelle son fils ; mais je puis avoir mal entendu l’arrêt du ciel, il a révélé lui-même ses desseins à Moïse, à son peuple : montrez-moi si l’assassinat d’un père ou d’un ami sont commandés par Dieu même ; que je voie, et j’exécute en aveugle les ordres de mon Dieu.

« Je vous le montrerai, s’écria le moine ; heureux chrétien, je vois les lauriers de la gloire et les palmes du martyre tressés pour vous par la main des anges ; quand vous serez au ciel, priez pour moi. Il dit, se jette à genoux, mouille de ses larmes les pieds du héros, et ajoute : souvenez-vous,