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gumens du fanatisme, et son cœur lui répétait les leçons de son malheureux père.

« Un crime serait crime, quand Dieu même en serait l’auteur ; mais Dieu ne peut ni l’ordonner ni le commettre. »

Plus d’une fois il résolut d’attenter à ses jours. La crainte d’une vie à venir ne le retint pas dans la vie de ce monde : qu’avait-il à craindre ? Tout finit avec nous ; ou, s’il est une nouvelle manière d’être, le ciel, dont il avait suivi les ordres, lui devait la récompense de son forfait. Ainsi raisonne, ainsi doit raisonner le fanatisme. Mais le souvenir de sa maîtresse, pour laquelle il avait supporté tant de fatigues, bravé tant de dangers, répandu tant de sang, le soutenait encore, et donnait à ses pas la force de s’éloigner de ces funestes lieux, où son désespoir lui montrait partout un tombeau.

C’est ainsi qu’il traversa les champs