Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/152

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Ils prirent pour elles tous les fantômes dont on épouvanta leur imagination ; mais le feu sacré brûlait encore dans la Grèce. Malgré l’épaisse fumée dont sa flamme était entourée, sa clarté tutélaire pénétra dans les rangs des Croisés, leurs yeux s’essayèrent au jour, et leur retour en Europe fut le commencement inaperçu d’une ère nouvelle. Les Grecs savaient lire, ils lisaient ; ils disputaient sur des folies, il est vrai ; mais enfin, l’habitude du raisonnement tenait l’esprit humain en éveil. En se battant contre des chimères, il aiguisait ses armes : le premier combat sérieux devait lui révéler toute sa force. Les peuples de l’Occident apprirent dans la Grèce les pauvretés de la scolastique ; ils y cherchèrent la lumière du Mont-Thabor, et finirent par entrevoir celle de la raison. La réforme de Luther fut la conséquence inattendue des plus misérables querelles. Ainsi l’œuvre du fa-