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connus, se prêtent seuls aux caprices de nos désirs. Hélas ! nous voyons trop dans les objets qui nous entourent le côté désagréable, et partout où nous ne sommes pas, ce qui saurait nous plaire. Près de nous est le chagrin, car le chagrin est la suite des espérances trompées, et tout ce que nous connaissons a trahi notre espoir. Le bonheur est dans l’avenir et dans les terres étrangères, car nos regards ne peuvent les atteindre ; notre cœur s’élance vers cet avenir heureux, et l’avenir s’éloigne !… Nous n’obtenons jamais que le présent : nous partons pour les rives désirées, nous marchons, impatiens, et nous arrivons, mais avec tout notre espoir ; nous ne trouvons ni une félicité plus grande, ni une peine de moins. Ainsi passe la vie, dans une recherche vaine, et le voyage s’achève comme s’il n’avait pas commencé.

Laurette prit les désirs de Gabrielle