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Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/179

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désir prit, à ses yeux, les traits de la religion et de la gloire ; elle croyait aller à la conquête de la Terre-Sainte, elle courait après l’objet de son amour.

Laurette délaissée se lia plus intimement encore avec l’amante de son frère ; cette amitié lui devint funeste. Gabrielle lui peignait la douceur de vivre auprès de Florestan, de partager ses dangers, d’adoucir ses peines, d’attacher sur son front les palmes de la victoire. Elle ne pouvait, disait-elle, voler à ses côtés ; d’impérieux devoirs la retenaient dans sa patrie, auprès de son vieux père ; mais Laurette n’avait d’autre patrie que les lieux où ses parens respiraient ; les mêmes raisons qui retenaient l’amante ordonnaient à la sœur de partir.

Il est un âge où tout prend les couleurs de la pensée ; et dans la pensée que l’expérience n’a point flétrie, il n’y a que succès et bonheur. Mais les pays lointains, les temps à venir, et les êtres peu