Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/183

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piéton ; son Florestan revenait comme il était parti, superbe, brillant de jeunesse, de parure et d’amour. Quand la fuite du jour la rappelait dans son castel, elle retournait cent fois sur ses pas, interrogeait les ombres du soir, et, l’oreille contre terre, écoutait les bruits qui glissaient sur le sol : hélas ! elle n’y reconnaissait enfin, quoiqu’elle s’obstinât à vouloir se tromper elle-même, que les pas pesans des bœufs ramenant la charrue dans la ferme, la clochette ou le bêlement des agneaux, et la voix du pasteur, qui, près du parc et non loin de la chaumière, charmait à la fois de ses chants, et ses moutons, et sa bien-aimée. Gabrielle détrompée soupirait et s’éloignait. De retour dans le castel, sur ses remparts solitaires, elle se laissait abuser encore par le jeu des ombres, par les formes bizarres des grands arbres ; elle lisait sa pensée dans le ciel, et son amant lui semblait sortir des vastes bois, annoncé par le bruissement