Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/184

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des feuilles tremblantes, ou se peindre dans les vapeurs, cortége de la nuit, au sein desquelles la lune errante cachait à demi son disque rêveur.

Enfin, quelques Croisés revinrent dans leur patrie : les uns avaient déserté la sainte bannière avant même d’avoir vu les remparts de Constantinople ; et, riches d’un butin habilement conservé, enflammaient la cupidité des peuples ; les autres venaient redemander au soleil de la patrie la force et la santé. Tous racontaient des merveilles du voyage, mais bien peu étaient à même de consoler les enfans abandonnés ou les épouses délaissées ; ce qu’ils savaient était plus à craindre que leur ignorance. Il est mort, il est mourant, je ne sais ; telles étaient les réponses des Croisés. Gabrielle courait de l’un à l’autre ; et le triste je ne sais, mille fois répété, ne l’empêchait pas de se le faire répéter mille fois encore.

Son amour et son impatience furent