Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/192

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joie : Florestan vivait encore, il était l’honneur de l’armée, et sans doute le plus fidèle amant ! Pour s’en assurer, et plus encore pour entendre le récit de ses exploits, elle se résolut à quitter la maison paternelle et à courir les aventures, selon l’usage des pucelles du bon temps, jusqu’à ce qu’elle eût rencontré quelque guerrier qui, de retour des Lieux saints, lui donnât des nouvelles de son bien-aimé. Mais comment exécuter ce dessein ? Courir les champs avec un chevalier armé de toutes pièces, c’était s’avouer sa dame ; monter sur un blanc palefroi et partir suivie d’un page, n’était pas aussi sans dangers : il est des pages entreprenans ; il est surtout des enchanteurs félons, des géans sans quartier, et même des chevaliers discourtois. Son honneur tremblait à ces affreuses idées. La vue d’une armure la rassura ; elle osa la soulever, elle eut le courage de s’en couvrir ; elle prit des