Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 191 )

voirs, à son Dieu, que des Croisés, plus féroces que les meurtriers des Juifs et des Grecs, devaient exterminer. Elle passa devant Béziers, ville infortunée, où le poignard des Montfort et la volonté d’un envoyé du vicaire de Dieu ne devaient laisser la vie, ni à une femme, ni à un enfant, ni à un hérétique, ni même à un catholique. Elle traversa les Cévennes, où le peuple le plus ami de la patrie et de la religion est placé, par la miséricorde divine, pour offrir aux proscrits l’asile de ses vertus, de son courage et de ses rochers. Elle traversa ces montagnes, dont les moissons, arrosées des sueurs de ce peuple industrieux, devaient un jour tenter l’avarice des prêtres furibonds ; ces montagnes auxquelles ces barbares devaient donner de nombreux assauts, et qu’ils devaient gravir un jour, la torche à la main, pour y faire prêcher leur christianisme par des bourreaux, et planter la croix romaine sur des cadavres.