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Dans les écuries de son père, il y avait un cheval de bataille, elle le monta ; et, la visière basse, la lance en arrêt, dès que les ponts-levis du château furent descendus, un beau matin elle partit, invoquant le nom de son chevalier et de son Dieu.

Je ne vous raconterai point toutes ses aventures ; elle donna et reçut des coups d’épée ; elle fut mal le jour et plus mal la nuit ; mais cette vie errante faisait du moins quelque diversion à sa douleur profonde. Elle apprit que, sur les bords du Rhône, il se préparait un tournoi et une cour d’amour ; et, ne doutant point que ce ne fût le rendez-vous de tous les chevaliers du pays, espérant y trouver quelque Croisé compagnon de son amant, elle tourna ses pas vers le Rhône.

Elle vit en passant ces belles campagnes que le fanatisme devait bientôt dévaster, ces villes qu’il devait détruire, ce peuple fidèle à son prince, à ses de-