Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/207

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brielle, cette belle chantée par tous les troubadours et l’objet de tous les vœux ? — Belle en effet, la plus belle. — Eh bien !… — Eh bien, que vous dirais-je ?… Elle est femme. — Chevalier ! — Vous l’aimez, vous vous emportez, c’est dans l’ordre. — Gabrielle est la dame d’un Croisé, du chevalier Florestan ; elle l’aimait avant que je la visse, j’en accuse mon malheur ; elle n’aime que lui, je l’honore à cause de sa constance. — Fort bien ! chevalier, nous nous ressemblons en tout ; notre âge seul diffère. Vous adorez les belles, et moi aussi ; vous vous battez pour elles, et moi aussi ; vous croyez à leur constance, et non pas moi. Ni moi non plus ! direz-vous dans quelques années. Gabrielle aime Florestan, il est vrai, mais elle m’aime aussi, c’est encore vrai : elle vous aimera vous-même un jour ; persistez. Où croyez-vous qu’elle est, cette belle inconsolable ? Je suis parti, et elle est partie ; elle court les