Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 3.djvu/58

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titude ! Et si tout m’est ravi, combien sont encore plus misérables que moi… J’ai su me créer une famille nouvelle, que le fanatisme ne saurait m’enlever ; les malheureux me resteront : vous me resterez, mes enfans, et de nouvelles victimes viendront gémir et espérer sur ces couches hospitalières. Je serai votre bienfaiteur et votre père tant que j’habiterai parmi vous : heureux si vous payez l’amitié que j’ai pour vous par celle que je vous désire les uns pour les autres !

À ces mots, le vieillard lève les yeux au ciel, et, d’un ton pathétique et tendre, il dit :

Grand Dieu ! maître de toutes les nations, père de tous les hommes, toi que le fanatisme invoque et calomnie ; tu vois dans cet hospice des misérables de tous les pays. On les a conduits dans cette région fameuse par tant de crimes, afin que, s’égorgeant entre eux et tombant