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le presser, courir au-devant de ses pas, voler au-dessus de sa tête, et presser sur lui leurs plaies sanglantes. Pour chasser ces horribles images, tantôt il s’enfuit dans les lieux sombres, tantôt il se met sous les rayons du soleil, ennemi des fantômes et des rêves : courses inutiles, vain espoir ! les mânes sanglans l’assiégèrent dans les ténèbres, le suivirent à l’éclat du jour.

Alors il résolut d’aller confier sa peine au vieillard ; il allait demander des secours à l’auteur de ses maux. En effet, c’était lui dont la voix funeste avait évoqué dans son cœur ces ombres terribles ; il courait à sa perte ; le vieillard l’eût perverti sans doute, mais Dieu le guidait par la main, et l’ange des ténèbres, auteur du projet du chevalier, ne savait pas qu’il avait conspiré lui-même pour la gloire de l’Église.

Il avait erré dans les champs, poursuivi par les mânes plaintifs ; en retour-