Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/114

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moins cette punition, que la mort de la coupable fût l’œuvre de son suborneur, afin d’effrayer ceux qui oseraient l’écouter encore. Ainsi raisonnait la malheureuse amante, et le huitième jour, le jour fatal, elle fit mettre à côté de son lit la bière qui devait la transporter auprès de ses aïeux, et, couverte du linceul funéraire, dont elle-même s’était entourée, la tête couronnée de roses blanches, un crucifix dans ses mains, elle attendit, sans effroi, l’heure dernière.

Le baron était craint et détesté de ses vassaux ; mais Gabrielle exerçait sur eux le double empire de la grâce et de la beauté. Les hommes l’aimaient comme ils aimaient le Dieu du ciel ; toujours occupés d’elle, mais effrayés de la distance immense qui les en séparait, une vague pensée d’amour les faisait soupirer sans leur donner des désirs ; cet amour ne produisait en eux que le be-