Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/150

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où Bacchus et Cérès prodiguent leurs dons, et laissait aux Cévennes leur pain de châtaignes et le Dieu de l’Évangile.

Enfin, les vertus de ce peuple hospitalier achevèrent d’éclairer son esprit ; il avait peine à comprendre alors comment il avait pu jamais croire se rendre agréable au Dieu de miséricorde, en se montrant impitoyable et cruel. Il vit qu’il avait cessé d’être religieux en devenant fanatique ; et, pour la première fois depuis son départ pour la Croisade, il ne crut pas nécessaire, pour appeler plus particulièrement sur son infortune les regards de la clémence céleste, de s’agenouiller sur le marbre du sanctuaire, et de prier devant les œuvres du sculpteur et du peintre. Sur ces montagnes aériennes, éloigné des froides conceptions de l’homme, oubliant les intercesseurs mis par l’ignorance superstitieuse, ou l’avarice sacrilége, entre le monde et son auteur, ces saints, élevés