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de pitié qui rend les femmes si belles et si aimables, mettait sa félicité à lui faire oublier ses peines. Démêlant mal le sentiment de la jeune fille, et se voyant comme il avait été, et non tel qu’il était, il crut avoir inspiré de l’amour, et n’en fut que plus certain de l’amour de sa Gabrielle et plus impatient de la revoir. Gabrielle l’arracha de cette famille, où, sans elle, il aurait peut-être arrêté ses pas à jamais. Il dédaigna la charrue du montagnard et les tendres sollicitations de l’Albigeoise ; il quitta les amis que la Providence avait placés devant lui. La famille entière le conduisit sur la montagne voisine. L’Albigeoise l’arrêta par la main pour la dernière fois, et la sentant se retirer de la sienne, lui dit : « Ta main, qui m’échappe, cherchera quelque jour, vainement, pour s’y appuyer, la main de la montagnarde. » Il s’éloigna.

Il traversa les champs rhuténiens, et