Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/208

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L’homme ne doit pleurer que de ses fautes : on t’abandonne, que perds-tu ? L’illusion vaine. Gémit-on à son réveil du rêve flatteur évanoui ? Subis la vie ; elle n’est aussi qu’un rêve, et c’est à notre pensée à l’embellir ; elle peut tout ; il n’y a rien de sûr pour nous, que nous-mêmes. Mets ton bonheur dans l’accomplissement de tes devoirs, et laisse faire aux autres ; nul ne pourra le troubler. Il vaut mieux avoir été trompé que de l’être encore : on est plus heureux d’avoir fait des ingrats que d’être ingrat soi-même. Florestan, tu dois le savoir ! tu fus ingrat aussi : ceux que tu dédaignas te plaignirent, oublièrent et pardonnèrent ; et toi, tu n’as pu ni oublier, ni te pardonner : ta punition est avec toi. »

Aux doux sons de cette voix tendre, à ces caresses inattendues, Florestan sortit de l’abattement du désespoir ; il retrouva sa raison, sa pensée et du cou-