Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/41

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moi ; ton Dieu te créa pour la douleur, moi je suis la source des plaisirs ; il inventa le jeûne, les austérités, la solitude et la tristesse ; moi, j’inventai le champagne, les langues fourrées, les parties carrées et les joyeux déduits ; il vous accorde pour passer le temps, le sermon et le loto ; moi, je vous offre le rigodon et la main-chaude ; est-il si difficile de choisir entre nous ? Malgré toi tu m’appartiendrais un jour, ton Dieu est dans la manche des prêtres, ils en font ce qu’ils veulent ; déplais à l’un d’eux, il t’excommunie, et Dieu te damne. Ne fusses-tu pas excommuniée, si tu vis, tu deviendras vieille ; vieille, tu seras laide ; laide, tu n’auras point d’amans, tu te donneras au Diable pour en avoir, et je ne voudrai pas de toi ; mes gens ne feront de tes débris qu’un fagot pour ma cuisine ; viens donc, belle amie, viens régner sur mon trône, n’attends pas l’heure où tu ne serais plus