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vaient forcée à descendre du ciel. Les cris sinistres du hibou et de l’orfraye retentissaient dans les cours du château ; tout dormait cependant, hormis Gabrielle ; tout dormait. Les gardes ne l’entendirent point appeler son amant, ils n’entendirent point le bruit de leurs pas précipités, elle passa sur leurs corps étendus devant les ponts-levis ; les ponts-levis s’abaissèrent d’eux-mêmes et se relevèrent, et les gardes ne sentirent aucun poids, n’entendirent aucun bruit. Un sommeil surnaturel enchaînait tous leurs sens.

Au bout du pont-levis Florestan s’arrêta, Gabrielle l’atteignit ; un voile noir couvrait la tête du Croisé ; elle lui prit la main, et cette main froide comme le marbre au milieu des hivers, sèche et décharnée, serra la sienne d’une force extraordinaire ; il l’entraîna violemment vers un coursier d’une taille démesurée, dont les pieds impatiens battaient la