Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/7

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ne prendre ses armes, le sentiment et la mélancolie, que dans son propre cœur.

Elle entra. L’église était déserte, le silence le plus profond régnait sous ses voûtes ; le bruit de ses pas fut le seul qu’elle entendit, mais ce bruit étonnait son imagination effrayée. La solitude et l’espace épouvantent tous les hommes, ils agissent plus vivement encore sur les âmes tendres et affligées ; la solitude et l’espace se remplissent bientôt de tous les fantômes de la pensée. Gabrielle retrouva sous ses voûtes silencieuses les illusions du sentiment et les rêves de la douleur. Elle lisait sa peine sur le front du Christ mourant, sur les tableaux de l’autel, dans les ténèbres des chapelles, sur tous les objets qui s’offraient à ses yeux, en cherchant la Vierge miséricordieuse, son espérance et son amour ; mais hélas ! la Vierge protectrice, se dérobant à ses regards, semblait lui présager par sa fuite l’inutilité d’une