Page:Ricard Saint-Hilaire - Le Moine et le Philosophe, 1820, tome 4.djvu/8

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prière qu’elle refusait d’entendre ; elle avait passé vingt fois sans la voir devant Notre-Dame, elle la cherchait où elle n’avait jamais été ; et quand elle l’eût retrouvée, persuadée que ce n’était pas la même dont elle avait jadis entendu la voix, le peu de confiance qui lui restait s’évanouit. Elle s’agenouilla devant la statue comme à regret, et sa bouche refusa de prononcer les paroles suppliantes et plaintives qu’elle avait méditées pendant toute sa route, et dont elle attendait un effet si prompt ; elle se tut, mais ses yeux dirent sa prière ; langage du premier homme, que ses derniers enfans parleront comme lui, et le seul peut-être que Dieu nous ait donné pour exprimer la vie : ce langage, ce sont les larmes.

Elle priait encore ; le jour avait fui. La lune avait reparu sur les nuages ; un rayon blanchâtre, échappé de son front mélancolique, jaillissait, pressé à tra-