Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

À la vérité, les meilleurs terrains auraient toujours continué à donner le même produit avec le même travail qu’auparavant, mais leur valeur aurait haussé pair suite des produits comparativement moindres obtenus par ceux qui auraient consacré un travail additionnel, ou de nouveaux capitaux à des terrains moins fertiles. Et quoique les avantages d’un terrain fertile sur un autre moins productif ne soient jamais perdus, et ne fassent que passer des mains du cultivateur et du consommateur dans celles du propriétaire, comme il faut employer plus de travail à la culture des terrains inférieurs, ces terres, seules, pouvant fournir l’approvisionnement additionnel de produits, la valeur comparative de ces produits se maintiendra constamment au-dessus de son ancien niveau, et s’échangera contre plus de chapeaux, de draps, de souliers, etc., etc., toutes choses dont la production n’exigera point une augmentation de travail.

Ce qui fait donc hausser la valeur comparative des produits naturels, c’est l’excédant de travail consacré aux dernières cultures, et non la rente qu’on paie au propriétaire. La valeur du blé se règle d’après la quantité de travail employée à le produire sur les dernières qualités de terrains ou d’après cette portion de capital qui ne paie pas de rente. Le blé ne renchérit pas, parce qu’on paie une rente ; mais c’est au contraire parce que le blé est cher que l’on paie une rente ; et l’on a remarqué, avec raison, que le blé ne baisserait pas, lors même que les propriétaires feraient l’entier abandon de leurs rentes. Cela n’aurait d’autre effet que de mettre quelques fermiers dans le cas de vivre en seigneurs, mais ne diminuerait nullement la quantité de travail nécessaire pour faire venir des produits bruts sur les terrains cultivés les moins productifs[1].

    point du tout, au moins faiblement, sur la valeur des produits. Toute augmentation dans les frais de production diminue l’avantage que l’entrepreneur d’un certain produit en particulier trouve à le produire, diminue par conséquent la quantité de ce produit qui est apportée sur le marché, et, par suite, en fait monter le prix ; mais, d’un autre côté, à mesure que le prix monte, la demande diminue de son côté. C’est ce qui fait que les producteurs ne peuvent jamais faire supporter au consommateur la totalité de l’augmentation de leurs, frais. Pour ne point diminuer la quantité qui se consomme, ils aiment mieux altérer leurs qualités qu’élever leurs prix. C’est ce qui fait que plus les marchandises montent et moins elles sont bonnes. S’il fallait faire les soieries aussi substantielles qu’elles l’étaient il y a cinquante ans, la consommation en cesserait presque entièrement. — J-B. Say.

  1. De ce que le prix du blé ne baisserait pas quand même tous les fermiers seraient débarrassés de leurs propriétaires, il ne s’ensuit pas que le prix du blé