Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/187

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tel, que, malgré l’accroissement du travail à accomplir, elle se trouve plus forte par rapport aux fonds destinés à l’entretien des travailleurs qu’elle ne l’était avant l’augmentation du capital. Dans ce cas il y aura réaction, les salaires baisseront au-dessous de leur niveau naturel, et s’y tiendront jusqu’à ce que la proportion ordinaire entre l’offre et la demande soit rétablie. Dans ce cas, la hausse du prix est précédée d’une hausse des salaires, et par conséquent elle n’a aucun effet fâcheux pour l’ouvrier.

Une dépréciation de la monnaie par suite d’une plus grande abondance des métaux précieux tirés des mines, ou par l’abus des privilèges accordés aux banques, est une autre des causes qui font hausser le prix des denrées alimentaires, mais qui ne changent en rien la quantité de leur production. Cela ne change rien non plus au nombre ni à la demande des travailleurs ; car il n’y a ni augmentation ni diminution de capital. La quantité des denrées de première nécessité qui revient au travailleur, est en raison de la demande et de l’approvisionnement de ces denrées comparés avec la demande et l’offre des bras, la monnaie n’étant que l’agent qui sert à en exprimer la quantité ; et comme l’offre et la demande n’éprouvent aucune variation, les salaires resteront les mêmes. L’ouvrier recevra en monnaie de plus forts salaires, mais ne pourra se procurer absolument que la même quantité de denrées.

Ceux qui ne conviennent pas de ce principe devraient nous expliquer pourquoi une plus grande somme de monnaie n’aurait pas pour effet de hausser les salaires d’un nombre invariable d’ouvriers comme elle le fait pour les souliers, les chapeaux et le blé, lorsque la quantité de ces articles n’a pas augmenté. Le prix courant relatif des souliers et des chapeaux se règle d’après la demande et l’offre des chapeaux comparées avec la demande et l’offre des souliers, et la monnaie n’est que l’expression de leur valeur. Si les souliers doublent de prix, les chapeaux doubleront de même, en conservant leur même valeur comparative. Pareillement si le blé et toutes les denrées nécessaires au travailleur doublent de prix, la main-d’œuvre vaudra aussi le double, et tant que rien n’interrompra la demande et l’offre ordinaires des denrées de première nécessité et de la main-d’œuvre, on ne voit pas pourquoi elles ne conserveraient pas leur valeur relative.

Ni la dépréciation de la monnaie, ni un impôt sur les produits agricoles, quoique tous deux fassent hausser les prix, n’influent