Aller au contenu

Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

M. Buchanan oublie que les fonds que le gouvernement lève par l’impôt sont par lui employés à l’entretien de travailleurs, à la vérité improductifs, mais qui sont cependant des travailleurs. Si, lorsque les salaires sont imposés, le prix du travail ne montait pas, il y aurait une grande augmentation dans la demande des bras ; car les capitalistes, qui n’auraient rien à payer sur cet impôt, auraient les mêmes fonds disponibles pour donner de l’emploi à des ouvriers, tandis que le gouvernement aurait, dans le montant de l’impôt qu’il aurait reçu, un surcroît de fonds pour le même emploi. Le gouvernement et la nation se trouveraient par là en concurrence, et la suite de leur rivalité serait la hausse du prix du travail. On n’emploierait que le même nombre d’ouvriers, mais on leur donnerait de plus forts salaires[1].


    tité de travail industriel se proportionne au capital productif de la société ; qu’ainsi il ne peut pas y avoir moins de chapeaux produits après l’impôt qu’auparavant ; que la quantité offerte restant la même, le prix n’en peut pas monter, et que s’il y a 2 fr. d’impôt à payer, il faut que ce soit l’entrepreneur seul qui en supporte la perte.

    Je répondrai, en premier lieu, qu’un commerce grevé d’impôts exige, en proportion des quantités produites, plus de capitaux ; en second lieu, qu’une partie des capitaux sorte évidemment d’un emploi qui devient moins avantageux, sans que ce soit toujours pour se porter sur d’autres productions également favorables au bien-être de la société, et qu’ils en sortent aussi pour être voués à la consommation improductive, à la destruction. Ne voyons-nous pas chaque année, au moyen des emprunts publics, la plupart des gouvernements de l’Europe détruire une partie considérable des épargnes et des capitaux de leurs sujets ? Ils rendent d’une part la production désavantageuse par des impôts exagérés, et d’autre part offrent complaisamment aux producteurs de dévorer à la suite d’un emprunt les capitaux qui, par leur faute, rendent trop peu entre les mains de l’industrie. Le vice nourrit le vice ; et s’il n’y avait pas maintenant en Europe, dans le monde entier, un développement de connaissance et d’activité industrielle supérieur à tous les exemples que nous fournissent les temps historiques, un développement qui fait plus que balancer les maux qui résultent de la mal-administration, il ne tiendrait pas à la politique européenne que la civilisation du monde rétrogradât on ne sait où. — J.-B. Say.

  1. N’y a-t-il point dans tout ce qui précède une confusion entre le fonds destiné à la consommation improductive, à la simple satisfaction des besoins de l’homme, et le fonds destiné à la reproduction, qu’on nomme le capital ?

    Lorsqu’on fait payer à un ouvrier un impôt qu’il ne peut se faire rembourser ni par son maître, ni par le consommateur du produit auquel il concourt lorsque le montant de cet impôt est donné à un courtisan, il est clair que le fonds de consommation du courtisan ou du percepteur est augmenté de tout ce qui est ôté au fonds de consommation de l’ouvrier ; les jouissances du pre-