personne réellement plus riche, elle tend à rendre chacun réellement plus pauvre. La hausse de prix en argent de toutes les denrées et marchandises, qui, dans ce cas, est une circonstance particulière à ce pays, tend à y décourager plus ou moins toute espèce d’industrie au dedans, et à mettre les nations étrangères à portée de fournir presque toutes les diverses sortes de marchandises pour moins d’argent que ne le pourraient faire les ouvriers du pays, et, par là, de les supplanter non-seulement dans les marchés étrangers, mais encore dans leur propre marché intérieur. » Liv. IV, chap. 5.
Un des désavantages, et, je crois, le seul qui provienne de la dépréciation de l’argent, occasionnée par une abondance forcée, a été très-habilement développé par le docteur Smith. Si le commerce de l’or et de l’argent était libre, « l’or et l’argent qui iraient au dehors, dit Smith, n’iraient pas pour rien, mais rapporteraient en retour une valeur égale de marchandises d’une espèce ou d’une autre. Ces marchandises ne seraient pas non plus toutes en objets de luxe ou en superfluités destinés à ces gens oisifs qui ne produisent rien en retour de leur consommation. Comme cette exportation extraordinaire d’or et d’argent ne saurait augmente la richesse réelle ni le revenu réel de ces gens oisifs, elle ne saurait non plus apporter une grande augmentation dans leur consommation. Vraisemblablement la plus grande partie de ces marchandises, et au moins certainement une partie d’elles consisterait en matières, outils et vivres destinés à employer et faire subsister des gens laborieux, qui reproduiraient avec profit la valeur entière de leur consommation. Une partie du fonds mort de la société se trouverait ainsi convertie en un capital actif, et on mettrait en mouvement une plus grande somme d’industrie qu’auparavant. »
En empêchant le commerce des métaux précieux d’être libre, quand le prix des denrées hausse ou par l’effet de l’impôt ou par l’affluence de ces métaux, on empêche qu’une partie du capital mort de la société ne soit convertie en un capital actif, et on empêche une plus grande quantité d’industrie d’être mise en activité. Mais voilà tout le mal, et ce mal n’est jamais ressenti dans les pays où l’exportation du numéraire est permise ou tolérée.
Le change entre différents pays n’est au pair qu’autant qu’ils ont chacun en circulation la quantité de monnaie qui, dans un état donné de choses, est nécessaire pour le mouvement de leurs produits. Si le commerce des métaux précieux était parfaitement libre, et que