Un particulier qui a 10,000 l. de fortune, qui lui rapportent 500 l., sur lesquelles il est tenu de payer 100 l. par an, ne possède réellement que 8,000 l., et il serait aussi riche en continuant de payer 100 1. par an ou en sacrifiant une fois pour toutes 2,000 l. Mais qui serait, demandera-t-on, l’acheteur des propriétés qu’il serait obligé de vendre pour se procurer ces 2,000 l. ? La réponse est toute simple. Le créancier national, qui doit recevoir ces 2,000 l., aura besoin de placer son argent ; et il sera disposé à le prêter au propriétaire foncier, ou au manufacturier, ou à leur acheter une partie des propriétés qu’ils ont à vendre. Les capitalistes eux-mêmes contribueraient beaucoup à amener ce résultat.
On a souvent proposé un plan de ce genre ; mais nous ne sommes, je le crains, ni assez sages ni assez vertueux pour l’adopter. On doit cependant admettre que, pendant la paix, nos efforts doivent être dirigés vers le paiement de la portion de dette qui a été contractée pendant la guerre, et qu’aucun désir d’alléger un fardeau, qui, je l’espère, n’est que temporaire, ne doit nous détourner un instant de ce grand objet. Aucun fonds d’amortissement ne peut contribuer d’une manière efficace à diminuer la dette de l’État, s’il n’est tiré de l’excédant du revenu sur la dépense publique. Il est à regretter que le fonds d’amortissement de l’Angleterre ne le soit que de nom ; car il n’existe pas, chez nous, d’excédant de la recette sur la dépense. Ce ne sont que les économies qui pourraient le rendre ce qu’il devrait être, un fonds réellement capable d’éteindre la dette nationale. Si, au moment où une nouvelle guerre éclatera, nous n’avons pas éteint une grande partie de notre dette, il arrivera de deux choses l’une : ou tous les frais de cette nouvelle guerre seront payés par des impôts levés année par année, ou bien il faudra qu’à la fin de la guerre, et peut-être même avant, nous nous soumettions à une banqueroute nationale. Ce n’est pas qu’il nous soit impossible de supporter encore un surcroît assez considérable de dette, car il est impossible d’assigner des bornes aux ressources d’une grande nation ; mais certes il y a des bornes aux sacrifices d’argent que les particuliers peuvent consentir à faire continuellement, pour le seul privilège de pouvoir vivre dans leur pays natal[1].
- ↑ M. Robert Hamilton est, à ma connaissance, le premier qui ait averti les Anglais qu’on n’éteint aucune partie de sa dette quand on emprunte d’un côté plus qu’on ne rembourse de l’autre ; qu’il vaut mieux ne rien rembourser et em-