Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/279

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Il ne se contentera pas d’un moindre taux de profits que celui que retirent de leurs fonds les autres capitalistes, et par conséquent il n’aura d’autre alternative que d’obtenir une réduction de la rente ou de quitter son industrie.

M. Buchanan regarde le blé et les produits agricoles comme étant au prix de monopole, parce que ces produits paient une rente. Selon lui, toutes les denrées qui paient une rente doivent être au prix de monopole, et il en conclut que tout impôt sur les produits agricoles doit tomber sur le propriétaire et non sur le consommateur.

« Le prix du blé, dit-il, qui rapporte toujours une rente, n’étant, sous aucun rapport, modifié par les frais de production, ces frais doivent être pris sur la rente, et par conséquent, lorsque ces frais haussent ou baissent, il n’en résulte pas un prix plus haut ou plus bas, mais une rente plus ou moins élevée. Sous ce point de vue, tout impôt sur les domestiques de ferme, sur les chevaux ou sur les instruments d’agriculture, est réellement un impôt foncier, dont le poids tombe sur le fermier pendant la durée de son bail, et sur le propriétaire quand il faut le renouveler. De même tous les instruments d’agriculture perfectionnés, qui épargnent des dépenses au fermier, tels que les machines à battre ou à faucher le blé, tout ce qui lui rend l’accès du marché plus aisé, comme de bonnes routes, des canaux et des ponts, quoique diminuant le coût primitif du blé, n’en élève cependant pas le prix courant. Tout ce qui est donc épargné par ces améliorations appartient au propriétaire et fait partie de sa rente. »

Il est évident que si l’on accorde à M. Buchanan le principe sur lequel se fonde son argument, c’est-à-dire, que le prix du blé rapporte toujours une rente, il faudra admettre toutes les conséquences qu’il en tire et qui en découlent. Des impôts sur le fermier ne tomberaient donc point, dans ce cas, sur le consommateur, mais sur la rente, et tous les perfectionnements en agriculture augmenteraient celle-ci. J’espère cependant avoir montré, avec assez d’évidence, que tant que toutes les terres d’un pays ne sont pas cultivées, et cultivées par les méthodes les plus perfectionnées, il y aura toujours une portion de capital employé sur la terre qui ne rapportera point de rente ou de profit, et que c’est cette portion de capital — dont le produit, comme celui des manufactures, se partage entre les profits et les salaires, — qui règle le prix du blé. Le prix du blé qui ne rapporte pas de rente étant donc modifié par les frais de sa production, ces frais ne sauraient être pris sur la rente ; et la suite de l’augmen-