Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/298

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jetsdoivent continuer à être employés sur la terre, malgré le bas prix du blé, ou s’il ne vaut pas mieux les vendre, et employer leur valeur à autre chose.

Supposons, cependant, que le fait soit tel qu’on l’énonce, et qu’aucune partie du capital ne puisse être retirée[1], le fermier, dans ce cas, continuerait à cultiver du blé, et à en récolter précisément la même quantité, quel qu’en fût le prix ; car il ne serait pas de son intérêt d’en récolter moins, puisque, s’il n’employait pas son capital de cette manière, il n’en obtiendrait aucun profit. Il n’y aurait aucune importation de blé, car on le vendrait au-dessous de 3 l. 10 sch., plutôt que de ne pas le vendre ; et, dans le cas supposé, le négociant qui en importerait de l’étranger ne pourrait point le donner au-dessous de ce prix. À la vérité, les fermiers qui cultiveraient des terres de cette qualité inférieure, souffriraient de la baisse dans la valeur échangeable de leurs denrées ; mais quel effet en éprouverait le pays ? Nous aurions précisément la même quantité de toutes sortes de produits ; mais les produits immédiats de la terre, et le blé, se vendraient à bien meilleur marché. Le capital d’un pays se compose de ses produits ; et comme ils seraient les mêmes qu’auparavant, la reproduction s’en ferait toujours dans la même proportion. Le bas prix du blé ne rapporterait cependant les profits ordinaires des capitaux que sur les terres no 5, qui, dans ce cas, ne paieraient pas de rente, et celle de toutes les terres d’une qualité supérieure baisserait ; les

  1. Tout le capital engagé dans la terre, quelle que soit d’ailleurs son importance, doit, à l’expiration du bail, rester au propriétaire, et non au fermier. La rémunération accordée au propriétaire pour l’usage de ce capital lui reviendra toujours sous forme de rente ; mais cette rente elle-même cesserait du jour où, avec une quantité donnée de capital, on pourrait récolter sur des terres éloignées plus de blé que sur celles où ont été versés les capitaux. Si la situation du pays exige l’importation de céréales étrangères, si, avec la même somme de frais, on peut récolter 1100 quarters, au lieu de 1000 quarters, il se formera nécessairement alors une rente de 160 l. st. Mais si au dehors on obtient 1200 quarters, la culture indigène sera abandonnée, car elle ne donnera même plus le taux général des profits. Mais quelque forts que soient les capitaux engagés dans la terre, il ne faudrait pas voir dans tout ceci un inconvénient bien grave. Tout capital qu’on dépense aboutit ou doit aboutir à une augmentation de produits : — il est essentiel de ne pas perdre de vue cette considération fondamentale. Qu’importe, dès lors, à la société que la moitié de son capital, ou même que la totalité de ce capital s’anéantisse, si l’on en retire un produit annuel plus considérable. Ceux qui déploreraient la perte du capital dans des cas pareils, me sembleraient sacrifier la fin aux moyens. (Note de l’Auteur.)