Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/297

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suspension de l’importation. Si de pareils efforts, faits dans un moment critique, entraînaient le risque de se trouver ruiné au moment où les besoins cesseraient, personne ne voudrait exposer son capital dans un pareil emploi. Outre les profits ordinaires des capitaux, le fermier s’attendrait à être indemnisé du risque auquel il serait exposé par une affluence subite de blé, et par conséquent le prix pour le consommateur, dans la saison où celui-ci aurait le plus besoin d’approvisionnement, éprouverait une hausse due non-seulement, au renchérissement de la culture du blé dans le pays, mais encore à la prime d’assurance qu’il serait obligé de payer, pour le risque particulier auquel cet emploi expose le capital. Et quoiqu’il résultât un plus grand avantage pour le pays de l’importation du blé à bon marché, il serait peut-être convenable de mettre, pendant quelques années, un droit sur l’importation de cette denrée.

En traitant de la rente nous avons vu qu’à chaque augmentation de l’approvisionnement du blé, et à chaque diminution de son prix, qui en est la suite, on dégagera les capitaux employés sur les mauvaises terres ; et les terrains d’une qualité supérieure qui, dans ce cas, ne paieraient pas de rente, deviendraient la mesure commune par laquelle se réglerait le prix naturel du blé. Quand il serait à 4 l. le quarter, des terres inférieures, que l’on peut désigner par le no 6, pourraient être cultivées ; on s’arrêterait au no 5 à 3 l. au no 4 et ainsi de suite. Si le blé, par l’effet d’une abondance permanente, tombait à 3 l. 10 sch., le capital employé dans le no 6 cesserait son emploi ; car ce n’est que quand le blé vaut 4 l., que ce capital peut rapporter les profits ordinaires, même étant exempt de rente. Il serait donc déplacé pour être employé à fabriquer les produits avec lesquels on achèterait et l’on importerait tout le blé que l’on récoltait sur le no 6. Dans ce nouvel emploi, il deviendrait nécessairement plus lucratif pour le capitaliste ; car, s’il pouvait obtenir plus de blé par la culture de la terre dont il ne paie pas de rente, que par la fabrication d’un produit quelconque avec lequel il peut acheter du blé, son prix ne pourrait pas être au-dessous de 4 l.

On a pourtant prétendu que l’on ne pouvait pas retirer le capital engagé dans la terre, parce qu’il se convertit en dépenses qu’on ne peut plus recouvrer, telles que celles des engrais, des clôtures, des desséchements, etc., qui s’incorporent à la terre, et en deviennent inséparables. Cela est vrai jusqu’à un certain point ; mais le capital qui se compose de bétail, de moutons, de meules de foin ou de blé, de charrettes, etc., peut être retiré ; et il reste à calculer, si ces ob-