Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/311

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de richesse. Je pourrais même en appeler à M. Say, et emprunter, au bénéfice de ma cause et de la différence essentielle qui existe entre la valeur et les richesses, plusieurs chapitres de ses ouvrages ; tout en reconnaissant, cependant, que dans d’autres passages il combat mes idées. Il m’est, on le pense bien, impossible de concilier ces pages contradictoires, et je les désigne à M. Say lui-même, pour qu’il me fasse l’honneur de discuter mes observations dans une édition future de son ouvrage, et qu’il y introduise les explications que tout le monde, comme moi, juge nécessaires pour la parfaite entente de ses doctrines.

  1. Dans l’échange de deux produits, ce que nous échangeons réellement ce sont les services productifs qui ont servi à les créer. Traité d’Économie politique, édit. Guillaumin, p. 346.
  2. Il n’y a cherté véritable que celle provenant des frais de production : et une chose réellement chère est celle qui coûte beaucoup à produire.
  3. La valeur de tous les services productifs nécessaires pour la création d’un produit, constitue les frais de production de cet article.
  4. C’est l’utilité qui détermine la demande d’une marchandise : mais ce sont les frais de production qui servent de limite à cette demande. Quand son utilité ne suffit même pas pour élever la valeur au niveau des frais de production, cette chose ne vaut pas ce qu’elle a coûté ; et il y faut voir la preuve que les mêmes services productifs auraient pu être employés plus avantageusement dans une autre branche d’industrie. Les propriétaires des fonds productifs, ceux qui disposent de capital, de terre ou de travail, sont constamment occupés à comparer les frais de production avec la valeur d’échange, ou, ce qui retient au même, la valeur des différentes marchandises entre elles. En effet, les frais de production ne sont autre chose que la valeur des services productifs consacrés à la création d’une marchandise ; et la valeur d’un service productif n’est autre chose que celle de la marchandise produite. D’où il suit que la valeur d’une marchandise, la valeur d’un service productif, la valeur des frais de production sont des valeurs équivalentes, toutes les fois qu’on laisse prendre aux choses leur cours naturel.
  5. La valeur des revenus s’accroît donc du moment où ils nous procurent — n’importe par quels moyens — une plus grande somme de produits.
  6. Le prix sert de mesure à la valeur des choses, et leur valeur sert à mesurer leur utilité.