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CHAPITRE XXIV.

DE LA DOCTRINE D’ADAM SMITH SUR LA RENTE DE LA TERRE.


« On ne peut porter généralement au marché, dit Adam Smith, que ces parties seulement du produit de la terre dont le prix ordinaire est suffisant pour remplacer le capital qu’il faut employer pour les y porter, et les profits ordinaires de ce capital. Si le prix ordinaire est plus que suffisant, le surplus en ira naturellement à la rente. S’il n’est juste que suffisant, la marchandise pourra bien être portée au marché, mais elle ne peut fournir à payer une rente au propriétaire. Le prix sera-t-il ou ne sera-t-il pas plus que suffisant ? C’est ce qui dépend de la demande. »

Le lecteur serait naturellement porté à croire, d’après ce passage, qu’il n’est pas possible que son auteur se soit trompé sur la nature de la rente, et qu’il doit avoir senti que la qualité des terrains, que les besoins de la société font défricher, dépend « du prix ordinaire des produits, et de la question de savoir si ce prix est suffisant pour remplacer le capital qui a dû être employé à cette culture, en y joignant les profits ordinaires. »

Mais Smith avait adopté l’opinion, « qu’il y a quelques parties du produit de la terre dont la demande doit toujours être telle, qu’elles rapporteront un prix plus fort que ce qui est suffisant pour les faire venir au marché ; » et il regardait les subsistances comme étant une de ces parties.

Il dit encore : « La terre, dans presque toutes les situations possibles, produit plus de nourriture que ce qu’il faut pour faire subsister tous ceux dont le travail concourt à porter cette nourriture au marché et même pour les faire subsister de la manière la plus libérale. Le surplus de cette nourriture est aussi toujours plus que suffisant pour remplacer avec profit le capital qui met en œuvre ce travail. Ainsi il reste toujours quelque chose pour fournir une rente au propriétaire. »