Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/372

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En admettant pour un moment que cela soit vrai, quel avantage résultera-t-il pour un pays de l’emploi d’une grande quantité de travail productif, si, soit qu’il emploie cette quantité ou une quantité moindre, son revenu et ses profits réunis doivent rester les mêmes ? Le produit total de la terre et de l’industrie de tout pays se partage en trois portions, dont la première est destinée aux salaires, la seconde aux profits, et la troisième à la rente. Ce n’est que sur les deux dernières portions qu’on peut lever des impôts, ou faire des épargnes : la première, si elle est modique, étant toujours égale aux frais nécessaires de production, il serait tout à fait indifférent pour une personne qui sur un capital de 20,000 l. ferait 2,000 l. par an de profits, que son capital employât cent hommes ou mille, et que ses produits se vendissent 10,000 l. ou 20,000 l., pourvu que, dans tous les cas, ses profits ne baissassent point au-dessous de 2,000 l. L’intérêt réel d’une nation n’est-il pas aussi garanti ? et dès que son revenu net et réel, que ses rentes et profits sont les mêmes, qu’importe qu’elle se compose de dix ou de douze millions d’individus ? Ses facultés pour l’entretien d’escadres, d’armées, et de toute autre sorte de travail improductif, doivent être en proportion de son revenu net, et non de son revenu brut. Si cinq millions d’hommes pouvaient produire la nourriture et l’habillement nécessaires pour dix millions, la nourriture et l’habillement de cinq millions constitueraient le revenu net. Le pays retirerait-il quelque avantage, si, pour produire ce même revenu net, il fallait sept millions d’hommes, c’est-à-dire, s’il fallait que sept millions d’hommes fussent employés à produire de la nourriture et de l’habillement pour douze millions ? La nourriture et l’habillement de cinq millions seraient toujours le revenu net. L’emploi d’un plus grand nombre d’hommes ne nous mettrait en état ni d’ajouter un homme à notre armée ou à notre marine, ni de fournir une guide de plus aux impôts[1].

    sont gagnés dans le pays, tandis que les capitaux employés par le commerce extérieur font gagner l’industrie et les fonds de terre de toutes les nations indistinctement.

    L’emploi le moins favorable à la nation est celui des capitaux employés au commerce de transport, de l’étranger à l’étranger. » Liv. II, chap. 8, § 3. (Note de l’Auteur.)

  1. Si j’osais me permettre de faire une critique générale de la doctrine de M. Ricardo et de sa manière de traiter plusieurs questions d’économie politique, je dirais qu’il donne aux principes qu’il croit justes une telle généralité qu’il en regarde les résultats comme infaillibles. De ce principe, que la classe qui vit de