Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/379

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tés nommés par les Parlements, que des émissions de billets de la banque d’Angleterre, — en les supposant, mène, affranchies de la faculté qu’ont les porteurs de réclamer des espèces ou des lingots, — que ces émissions dis-je, n’avaient pas et ne pouvaient pas avoir d’action sur le prix des marchandises ou des lingots, ni sur l’état des changes.

Après l’établissement des banques, l’État n’a plus à lui seul le pouvoir de battre monnaie ou d’en faire l’émission. On peut tout aussi bien augmenter la monnaie en circulation, au moyen du papier de banque, que par des espèces ; en sorte que si un État altérait ses monnaies et en limitait la quantité, il ne pourrait en maintenir la valeur ; car les banques auraient la même faculté que le gouvernement d’augmenter la quantité de l’agent de la circulation.

D’après ces principes, il est aisé de voir que pour donner une valeur au papier-monnaie, il n’y a pas besoin qu’il soit payable à vue en espèces monnayées ; il suffit pour cela que la quantité de ce papier soit réglée d’après la valeur du métal qui est reconnu comme mesure commune[1]. Si l’or, d’un poids et d’un titre déterminé, était cette mesure, on pourrait augmenter la quantité du papier à chaque baisse dans la valeur de l’or, ou, ce qui revient au même quant à l’effet ; à chaque hausse dans le prix des marchandises.

« La banque d’Angleterre, dit le docteur Smith, pour avoir émis

  1. Cette vérité aurait pu être énoncée par dix auteurs judicieux, et néanmoins être révoquée en doute par autant d’imbéciles, si ce qui est arrivé dans ces derniers temps aux billets de la banque d’Angleterre n’était venu confirmer l’assertion, par un mémorable exemple. Le gouvernement anglais ne pouvant, en 1797, rembourser à la Banque les avances que cette compagnie lui avait faites, l’autorisa à faire une véritable banqueroute, qui dure encore, et à ne pas payer ses billets payables à vue. Malgré ce manque de foi, et quoique la Banque n’ait point de valeur réelle à offrir pour gage de ses billets (car les engagements du Trésor ne sont que des promesses), nous avons vu récemment les billets de banque remonter au pair des espèces monnayées, non, comme on affecte de le dire, à cause du crédit du gouvernement et de l’esprit national des Anglais qui s’obstine à soutenir la valeur des billets (tout leur esprit national n’en pourrait empêcher la dépréciation si la somme grossissait), mais tout simplement parce que les besoins de la circulation exigent un agent de la circulation qui se monte à une certaine somme, c’est-à-dire à une somme qui égale la valeur courante d’une certaine quantité d’or ou d’argent ; or cette somme paraît avoir été peu excédée par les émissions de la banque d’Angleterre et des banques de province. C’est une des belles expériences qui aient été faites depuis le commencement de ce siècle en Économie politique, et il s’en prépare d’autres qui ne seront pas moins importantes — J.-B, Say.