Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/432

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— l’origine, la source de la rente était, comme l’a établi M. Malthus dans la troisième proposition, « la rareté comparative des sols fertiles. »

Le prix du blé s’élèvera naturellement à mesure que grandiront les difficultés de la production, et, quoique la quantité récoltée sur une ferme ait diminué, la valeur de cette récolte aura augmenté. Mais comme le coût de la production ne croîtra pas sur les terres les plus fertiles, comme les salaires et les profits, pris ensemble, conserveront toujours la même valeur, il est évident que l’excédant du prix sur des frais de production, en d’autres termes, que la rente, à moins d’être entravée par une grande réduction de capital, de population et de demande, croîtra parallèlement à l’épuisement des terres. La proposition de M. Malthus ne me paraît donc pas parfaitement exacte. La rente ne s’élève pas et ne s’abaisse pas immédiatement, nécessairement lorsque grandit ou diminue la fertilité de la terre : mais en gagnant en fertilité, la terre peut supporter et supporte un loyer plus considérable. Des terres d’une richesse très-médiocre ne peuvent jamais donner de rentes ; celles d’une fertilisés moyenne peuvent, grâce au mouvement ascendant de la population, donner une rente modérée ; enfin, celles des catégories supérieures donneront de forts loyers, mais il y a une grande différence entrer l’aptitude à payer une rente et le paiement actuel, effectif de cette rente. La rente peut être plus basse dans un pays où les terres sont excessivement fécondes, que dans un territoire d’une richesse moyenne ; car elle se proportionne à la fertilité relative plutôt qu’à la fertilité absolue, à la valeur du produit plutôt qu’à son abondance.

M. Malthus suppose que la rente provenant des terres qui produisent ces denrées spéciales, qu’on a pu appeler des monopoles naturels et nécessaires, est réglée par un principe différent de celui qui régit la rente de ces terres qui produisent des subsistances. Il croit que c’est la rareté de ces produits privilégiés qui créent une forte rente, et que, pour les subsistances, c’est leur multiplicité au contraire qui amène ce résultat.

Cette distinction ne me parait pas fondée : car vous élèverez tout aussi immédiatement la rente des terres qui donnent les vins précieux que celle des terres à blé, en accroissant le produit. Il va sans dire que la demande de blé se sera accrue, car autrement, un afflux de céréales sur le marché abaisserait, au lieu de l’augmenter, la rente des terres à blé. Quelle que soit d’ailleurs la nature de la terre, une rente élevée dépend du haut prix du produit ; mais ce haut prix une