Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/441

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« qu’abstraction faite des variations dans la monnaie d’un pays, et d’autres circonstances temporaires et accidentelles, la cause du prix en argent comparativement haut du blé, est son haut prix réel comparatif, ou la plus grande quantité de capital et de travail qu’il faut employer pour sa production[1]. »

Voilà, je pense, l’explication exacte de toutes les variations permanentes du prix du blé, aussi bien que du prix de tous les autres produits. Une marchandise ne saurait éprouver une hausse permanente de prix que par une de ces deux causes, ou parce qu’il faut plus de capital et de travail pour sa production, ou parce que la monnaie à baissé de valeur ; et, au contraire, une chose ne saurait baisser de prix à moins qu’il ne faille moins de capital et de travail pour la produire, ou que la monnaie n’ait haussé de valeur.

Une variation causée par un changement de valeur dans la monnaie agit à la fois sur toutes les marchandises ; mais une variation causée par le plus ou moins de capital et de travail nécessaires à la production d’une chose, est bornée, dans ses effets, à cette chose même. L’importation libre du blé, ou des perfectionnements en agriculture, feraient baisser le prix des produits agricoles, mais n’influeraient sur le prix des autres marchandises, qu’en proportion de la diminution de valeur réelle ou de frais de production des produits agricoles qui pourraient servir à fabriquer ces marchandises.

M. Malthus a admis ce principe, et, pour être convoquent, il ne peut pas, ce me semble, soutenir que la totalité de la valeur en monnaie de toutes les marchandises d’un pays doit diminuer exactement à proportion de la baisse du prix du blé. Si le blé consommé annuellement dans le pays était de la valeur de dix millions, et si les marchandises manufacturées et étrangères consommées pendant le même temps valaient 20 millions, — faisant ainsi un total de 30 millions, — on aurait tort de conclure que la dépense annuelle serait réduite à 15 millions, parce que le blé aurait baissé de 50 pour cent, ou de 10 à 5 millions.

La valeur des produits immédiats de la terre qui entreraient dans la composition de ces marchandises manufacturées, pourrait ne pas excéder 20 pour cent de leur valeur totale, et, par conséquent, la valeur des produits manufacturés, au lieu de baisser de 20 millions à dix, ne tomberait que de 20 millions à 18. Après la

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