Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/442

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baisse de 50 pour cent dans le prix du blé, la somme totale de toute la dépense actuelle, au lieu de tomber de 30 millions à 15, descendrait de 30 millions à 23[1].

Au lieu de considérer sous ce point de vue l’effet d’une baisse dans la valeur des produits agricoles, comme M. Malthus devait le faire d’après le principe qu’il venait d’admettre, il la regarde comme équivalant précisément à une hausse de 100 pour cent dans la valeur de la monnaie, et il raisonne en conséquence comme si toutes les marchandises devaient tomber à la moitié de leur ancien prix.

« Pendant les vingt années qui se sont écoulées depuis 1794, dit-il, jusqu’à 1813, le prix moyen du blé, en Angleterre, était d’environ 83 shillings le quarter ; pendant les dix dernières années de cette période, il a été de 92 shillings, et pendant les cinq dernières de ces vingt aimées, de 108 shillings. Dans le cours de ces vingt ans, le gouvernement emprunta près de 500 millions st. desquels, abstraction faite du fonds d’amortissement, il s’engagea à payer environ 5 pour cent, selon un terme moyen approximatif. Mais si le blé baissait à 50 shillings le quarter, et toutes les autres choses à proportion, le gouvernement, au lieu d’un intérêt de 5 pour cent, se trouvait en payer un de 7, 8, 9, et même de 10 pour les derniers 200 millions.

« Je ne trouverais peut-être rien à redire à une générosité si extraordinaire envers les rentiers de l’État, s’il ne fallait pas considérer aux dépens de qui elle est faite ; et un moment de réflexion suffira pour nous faire apercevoir que ce ne peut être qu’aux dépens des classes industrieuses de la société et des propriétaires, c’est-à-dire aux dépens de tous ceux dont le revenu nominal est sujet à varier par suite des variations dans la mesure de la valeur. Le revenu nominal de cette partie de la société, comparé avec le terme moyen du prix des cinq dernières années de cette période, se trouvera réduit de moitié, et sur ce revenu, ainsi réduit nominalement, ils auront à payer le même montant nominal d’impôts[2]. »

  1. Les ouvrages manufacturés ne pourraient pas même baisser dans cette proportion, car, dans le cas supposé, il y aurait une nouvelle distribution des métaux précieux dans chaque pays. Ceux de nos produits qui seraient à bon marché seraient exportés pour être échangés contre du blé et de l’or, jusqu’à ce que l’accumulation de l’or le fit baisser de valeur, et fit hausser en même temps le prix en argent des denrées. (Note de l’Auteur.)
  2. Voy. Grounds of an Opinion, etc., page 36.