Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/492

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n’exportera le numéraire que dans le cas où il serait en excès relativement aux marchandises et aux autres pays. Cependant ils soutiennent immédiatement après que l’exportation des métaux précieux est l’effet de la balance du commerce[1], et dérive de causes qui peuvent agir « indépendamment de la surabondance ou de la faiblesse » de la circulation. Ces opinions me semblent diamétralement opposées. » Si nous admettions qu’on puisse exporter les métaux précieux en échange de marchandises, dans le cas même où ils seraient aussi chers dans le pays qui exporte que dans celui qui importe, quels effets résulteraient d’une opération aussi insensée ?

« Une insuffisance de monnaie dans un pays, et une exubérance relative dans l’autre, disent les rédacteurs de la Revue, p. 343, ne peuvent manquer, dans cet état de choses, d’avoir une action immédiate. Elles modifieront les résultats de la balance des paiements, et rétabliront dans les métaux précieux l’équilibre troublé pendant quelque temps par l’inégalité naturelle des besoins et des nécessités dans les pays contractants. » Cette proposition serait satisfaisante si les auteurs avaient indiqué le point où commence cette réaction ; car, au premier abord, il semble que les mêmes lois qui permettent d’exporter le numéraire d’un pays, quand il n’y est pas à plus bas prix que dans celui où on l’exporte, doivent aussi permettre de l’exporter quand il y est plus cher. C’est l’intérêt individuel qui régit toutes les opérations commerciales ; et nous ne saurions où nous arrêter, si nous appliquions une autre règle là où cet intérêt est palpable et satisfaisant. Ils auraient donc dû nous expliquer comment le fait de la continuité des demandes pour la marchandise importée, n’enlève pas au pays importeur la totalité de son numéraire et de ses lingots. Quel obstacle opposera-t-on, dans ces circonstances, à l’exportation du numéraire ? Les rédacteurs l’expliquent en disant : « Un pays dont la quantité de lingots a diminué verrait bientôt lui échapper la faculté de payer avec des métaux précieux. » Pourquoi bientôt ? N’est-il pas admis « que circulation excessive et insuffisante sont seulement des termes relatifs, qui n’ont de signification que par rapport aux autres pays ? » Ne résulte-t-il pas de ces aveux que, si la balance du commerce s’établit contre un pays, alors même que sa circulation ne serait pas exagérée,

  1. Nous parlons d’une balance de commerce, abstraction faite d’une balance des paiements. Une balance de commerce peut être favorable, et la seconde être défavorable. C’est en effet celle-ci qui réagit, seule, sur le change.