Page:Ricardo - Œuvres complètes, Collection des principaux économistes,13.djvu/604

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La rente[1] est donc, en tous cas, une partie des, profits originellement obtenus sur le sol. Il ne constitue jamais un revenu nouveau, mais toujours une fraction du revenu déjà créé.

Les profits du capital ne fléchissent, d’ailleurs, qu’en raison de l’impossibilité où l’on se trouve de rencontrer des terres aussi bien préparées pour les cultures alimentaires ; et l’importance de cette baisse et de l’accroissement de la rente dépend exclusivement du surcroît de dépenses appliqué à la production.

C’est pourquoi, dans l’hypothèse où de nouvelles portions de terrains fertiles correspondraient immédiatement à l’augmentation du capital et viendraient s’ajouter au territoire des nations dans la période de leur développement en richesse et en population, c’est pourquoi, dis-je, les profits ne fléchiraient et les rentes ne hausseraient jamais[2].

Quand bien même le prix pécuniaire du blé et les salaires du travail ne subiraient aucune modification pendant la durée du développement en richesse et en population, on verrait diminuer les profits et grandir la rente ; car, pour obtenir sur des terres plus distantes ou moins fécondes la même quantité de matières premières, il faudra

  1. Par le mot de rente je désigne constamment la redevance payée au propriétaire pour en obtenir le droit d’user de la puissance productive naturelle et inhérente à la terre. Que le propriétaire ait engagé son capital sur sa propre terre ou qu’un tenancier précédent y ait laissé ses fonds incorporés à l’expiration du bail, il pourra obtenir ce qu’on appelle, en réalité, une plus grande rente ; mais il entre toujours dans cette somme une quotité distincte qui représente évidemment l’intérêt du capital. L’autre partie, seule, sert à payer le loyer de la puissance naturelle du sol.
  2. À moins, comme je l’ai déjà remarqué, que les salaires du travail n’aient augmenté ou qu’on n’ait adopté un système d’agriculture plus vicieux.